vendredi 2 septembre 2011

Balivernes

Balivernes : Propos futiles, sans fondements et le plus souvent erronés. (source : http://www.definition-of.net)

Quand j'étais petite j'adorais les histoires, et encore plus les contes. Mais pas n'importe lesquels, ceux avec des princes et des princesses. Ceux où les vilaines Reines sont malmenées et les vilains Rois sont pardonnés. Chaque Noël, j'avais le droit à un conte, et je me délectais du plaisir de la lecture, que ma mère m'offrait, avant de retrouvée Morphée. Aujourd'hui quand je retombe, par hasard, dans un conte je suis étonnée de l'image simpliste et misogyne qu'on attribue (évidemment) aux femmes à l'opposé d'une image de despote, incestueuse qu'on fait,  des hommes.
On m'a souvent dit que les contes avaient vertus de morale, de prévention, d'éducation. Mais alors si les contes ont pour rôle de prévenir les dangers d'un père incestueux, tout puissant, dangereux et d'une femme belle, soumise et docile. Excusez-moi mais ça ne va pas être possible.
C'est alors, qu'en bonne féministe du dimanche qui s'assume, je vais vous expliquer pourquoi il est meilleur de lire Tchoupie à votre gamin, plutôt que Grisélidis, Peau d'Ane ou même Barbe-Bleue. (oui aujourd'hui j'ai décidé que Perrault se ferait allumer au lance flemme)

Je pense que c'est déjà, beaucoup plus adapté pour nos enfants que Perrault


Je vous propose d'ouvrir les festivités avec Grisélidis. Perrault au tableau !
Dans ce conte on nous donne le sempiternel Il était une fois (au cas où en penserait que l'histoire arrive chaque année à la même date). On nous informe aussi qu'un Roi jeune et beau (...) aimait comme jamais Roi ne fut aimé (...) avait peur de tomber sur une femme qui devienne, avec le temps méchante. Donc soit ce petit Roi a mal vécu son oedipe avec MamanReine ou soit le mec ne veut surtout pas se trouver une gentille petite Reine qui pourrait être capable d'être son égale en terme de pouvoir, et donc devenir méchante.
Mais ce gentil Roi, il va à la chasse, et là comme par magie une jeune femme d'une beauté irréelle (Il parle de Gridélidis)  et devinez quoi Grisélidis c'est une (j'attends vos réponses)
Une bergère (bravo), non les petites filles ne croyaient pas voir, ici, une chance de sortir de votre condition pour devenir une Reine et vivre heureuse. Vous n'êtes pas au bout de vos peines.
C'est fantastique le Gentil Roi, va épouser la jolie bergère Grisélidis. Mais cette conne va tomber enceinte. Et là, horreur, tout semblait parfait mais dans la tête du Roi, sa vieille peur des femmes qui deviennent méchantes se réveilla. Aussi quand la Reine accoucha d'une petite fille (...) le Roi résolut de cacher la petite princesse et de faire croire à Grisélidis qu'elle était morte" Ou plus simplement j'ai envie de garder cette petite fille jeune et fraîche pour moi et toi Grisélidis qui commences à avoir des ridules, tu rentres chez ta mère. Et ça n'a pas loupé "Je ne veux plus vous voir, allez retrouver vos moutons"
Et le temps a passé, la jeune princesse (celle qu'on pensait morte) a grandi, elle a rencontré un prince (évidement) et elle veut l'épouser. Mais voilà, la névrose du Roi reprend le dessus "Avant que ma fille n'épouse ce jeune seigneur, je veux par un mensonge, vérifier que ni elle, ni sa mère, Grisèlidis, ne sont méchantes" sinon c'est un gentil roi, adoré de tous, on nous prend vraiment pour des cachalots des fois !
Donc, le Roi va retrouver Grisélidis pour lui faire croire qu'il va se re-marier et le mec ose (le culot c'est son fort) demander "Il me plait que vous soyez la servante de ma futur femme" et cette conne de Grisélidis accepte. Là c'est trop, son ex-mari lui a enlevé sa gosse, il la jeté dehors mais elle accepte (quand même) de devenir la servante de sa futur-femme. Non mais les ni putes ni soumises vous êtes où là pour faire les chiennes de garde?
Mais attendez les amis, ce n'est pas fini, que de rebondissements dans ce conte, Une fois au château, au premier regard que Grisélidis échangea avec celle qui devait être la futur femme du Roi, sa propre fille, il se passa en elle une chose qu'elle ne pût comprendre (...) "Cette jeune personne ne pourra jamais supporter tous les mauvais traitements que vous m'avez fait subir (je rappelle que c'est sensé être un Roi formidable aimé de tous, à croire que le peuple aime un sacré malade mental). J'en ai souffert. Elle en mourra ! Touché par tant de bonté; le roi lui demanda de se relever et lui dit "cette jeune personne est notre fille. Elle va se marier. Et quant à vous, Madame, reprenez votre place à mes côtés." Et tous vécurent heureux, longtemps, longtemps, longtemps...
Voilà, donc on a ici, un homme autoritaire, malade mental et incestueux et une femme soumise qui a le pardon bien facile. J'ose espérer que ce n'est pas (tout le temps) pareil dans la "IRL". J'espère quand même que des femmes osent affronter les monstres. J'ose espérer, quand même, que tous les hommes ne sont pas des monstres détenant tout le pouvoir.
Et il serait peut être tant de changer de musique, si on veut un jour que les femmes soient vues à l'égal de l'homme.
Vous m'excuserez, je ne vais pas pouvoir vous faire la même chose avec Peau d'Ane et Barbe-Bleue, j'ai un DVD à lancer pour ma fille.

Bisous

Aubergine

PS/ C'est ma contribution pour les vendredis intellos de Mme déjantée 


8 commentaires:

  1. Pour des contes pas neuneus ni misogynes, je vous conseille ces éditions : http://www.pourpenser.fr/
    Bien écrits (pas besoin de censure), bien illustrés, à des prix corrects, imprimés en France sur du papier certifié et ma fille les adore!
    Je les achète en Biocoop et j'en offre beaucoup...
    Mais Tchoupi c'est pas mal aussi!

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  2. A part Eowyn dans le Seigneur des anneaux face au roi sorcier d' Angmar, je vois pas

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  3. Génial cet article...J'ai un peu de mal avec les contes de fée...Non, mais, c'est toujours des histoires tordues et pas très saines ( l'histoire de peau d'âne, c'est pas un truc de malade ?) créées pour pouvoir maîtriser les enfants en les effrayant...

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  4. Oui, alors je dis non, Charles Perrault est un féministe de son temps, j'en veux pour preuve la morale du petit Chaperon rouge: " On voit ici que de jeunes enfants,
    Surtout de jeunes filles
    Belles, bien faites, et gentilles,
    Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
    Et que ce n’est pas chose étrange,
    S’il en est tant que le Loup mange.
    Je dis le Loup, car tous les Loups
    Ne sont pas de la même sorte ;
    Il en est d’une humeur accorte,
    Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
    Qui privés, complaisants et doux,
    Suivent les jeunes Demoiselles
    Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
    Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
    De tous les Loups sont les plus dangereux. "
    Ca veut dire qu'il sait que le vrai mal, ce sont les hommes, et c'est pareil dans Grisélidis, ce qu'il dit c'est "Oh mon dieu, mais regardez comme les hommes sont méchants, et comment ils abusent, alors que les femmes sont angéliques!
    Charles Perrault ne peut pas réclamer l'égalité des sexes à son époque, mais il demande au moins que les hommes n'abusent pas de leur pouvoir sur les femmes dans ses contes!

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  5. Merci de ta contribution!!! J'adore ton analyse originale!!
    Après, sur la question des contes de fée.. je suis plus partagée... je ne suis pas certaine que cela soit si simple, que ses images s'impriment dans la tête de nos enfants comme dans des pâtes molles...
    Mon souvenir de la Psychanalyse des contes de fée est que ces horreurs leur permettent de fantasmer... dans des limites qui restent psychologiquement acceptable..
    Si je prends l'exemple des pères incestueux (Peau d'âne par exemple...), il y a toujours un moment dans la vie d'une petite fille où elle fantasme le fait que son père pourrait l'aimer d'amour... elle ne le souhaite pas REELLEMENT mais ce conte lui fait vivre son fantasme (comme lorsque nous regardons des films à l'eau de rose!!!).. Mais ma réflexion n'est pas achevée...!

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  6. Désolée pour les fautes d'orthographe horribles!! J'ai cliqué avant de me relire (mea culpa !!)

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  7. @Evepetitesouris : Merci pour l'info ;-)
    @Madamezazaofmars : Tu veux dire quoi par là? c'est une références à un conte pas misogyne ?
    @Sandy : Oui c'est souvent des histoires bien tordues, mais il me semble que même si elles nous paraissent complètement folles (à nous adultes), elle n'ont pas les mêmes effets sur les enfants.
    @Fesse-Foullie : Ah ! on a une grande fan de Perrault par ici, me dis pas que tu as des posters de lui dans ta chambre? pour être plus sérieuse, je reste d'accord avec toi sur l'avant-gardisme de Perrault face eu féminisme. Mais je reste d'avis qu'il a beau prévenir de tout ce qu'il veut, il dessine (aussi) une image très péjorative et très négative de la femme. Pour moi dans Grisélidis cela en est la preuve. Une femme qui se laisse complètement engloutir par le pouvoir (dangereux) d'un Roi malade et qui, en prime, pardonne tout. Ca me parait être l'opposé du féminisme.
    Perrault propose une peinture de sa société (par les contes) mais il ne propose en aucun cas, une façon de passer outre cette image misogyne et ce statut hommes/femmes
    @Lafamilledéjantée : Je pense aussi, que l'image que les enfants perçoivent des contes n'est absolument pas la même que nous (adultes) en percevons.
    Pour en revenir à la Psychanalyse des contes de fées, j'adhère pas, tout simplement. J'ai adhéré pendant longtemps aux grandes idées de la psychanalyse freudienne mais quand on base tout un fondement sur un élément erroné : Le complexe d'Oedipe. Oedipe, lui ne savait pas que sa mère était sa mère. Alors balancé à tout bout de champs le complexe d'Oedipe pour parler d'une petite fille qui fantasme que son père l'aime d'amour, je trouve ça bien réducteur. Je crois en effet qu'il y a de ça, mais ça reste beaucoup plus complexe et je ne crois pas qu'un conte peut lui faire vivre ce fantasme. Après oui le conte lui permet d'imaginer, de croire, d'espérer une multitude de choses, donc certes y'a de l'ordre du fantasme, mais pas à ce niveau là.
    Maintenant j'ai été volontairement provocatrice dans ce billet, pour le plaisir d'interpeller. Mais je reste un grande amoureuse des contes, n'importe soit l'image qu'ils véhiculent.

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  8. Nan mais je kife ton billet qui créée des vraies discussions et des échanges fair play!
    Moi je dirais que pour Perrault, le but n'est pas de montrer l'image d'une femme idéale seulement, c'est aussi de donner une image christique d que la femme, pour montrer que telle une au facile, aubergine, elle est divine (ahahahah, elle était facile, ouais je sais, mais t'as vu mon mari en même temps? c'est lui qui m'a engrenné dans ces blagues pourravos!)par exemple, le petit Jésus (ce gros bouseux qui veut pas m'envoyer de gosse) il a tendu l'autre joue, et il a dit heureux les moutons qui suivent en fermant leur gueule les épreuves que dieu leur impose (bon, je le dis vite, c'est pas que j'aime pas le concept, c'est un peu plus commpliqué que ça, mais en gros c'est l'idée) bah c'est pour ça que grisélidis, elle est tel le petit Jésus, elle accepte parce qu'elle sait que c'est la vertu qui va lui gagner sa place au paradis, alors que chez perrault, les hommes ils sont jamais vertueux.

    Et sinon ouais j'ai un poster avec la tête de perrault dans les toilettes je crois, faudrait que je vérifie.

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