lundi 5 septembre 2011

Merveille

Merveille : Chose qui cause une grande admiration. Il se dit quelquefois des personnes. (source : mediadico.com)




En continuant sur le petit chemin de terre on arrive au bord de cette plage
©AubergineDivine



Je me souviendrai encore longtemps, du jour de la rentrée des classes. J'ai toujours adoré ce premier jour de classe où l'on retrouve ses petits copains, on découvre sa classe, ses professeurs et son emploi du temps. J'ai toujours adoré ce fameux premier jour qui sonne la fin des grandes vacances.
Je me souviens, même, avoir fait ma rentrée des classes de CP toute seule. Je venais d'arriver dans ce joli village du sud de la France, dans ce petit hameau où il y avait cette belle maison en pierres et en sable, typique de la Provence. 

Je me souviens, que ce matin là, on avait longé ce petit chemin de terre qui conduisait à la mer. Ce petit chemin de terre que je finirai par tant aimé. Ou alors on avait pris cet autre chemin qui longeait la garrigue. Finalement je ne me souviens plus vraiment. 
Je sais qu'il y avait ce bus, c'était le bus bleu. Ma mère nous avait accompagné, mon frère et moi, jusqu'à l'arrêt du bus bleu. Peut être qu'il y avait mon petit frère aussi. Finalement je ne me souviens plus vraiment.
J'avais un joli cartable, je crois bien que c'était celui d'un de mes frères, j'étais toute fière mais assez inquiète de prendre ce bus. Je n'avais, jusqu'à présent, jamais pris de bus. Je crois bien, d'ailleurs, que, jamais, j'en avais vu un d'aussi proche. A cinq ans on peut avoir touché le cercueil en bois d'un enfant mais pas forcément avoir déjà vu un bus. C'est, hélas, la logique bien étrange de la vie.
Je m'étais installée, à côté de mon grand frère, tout devant, près du chauffeur. Les portes venaient de se fermer et je voyais déjà les beaux cheveux bouclés de ma mère se rapetisser. Il me semble que le chauffeur avait posé des drôles de questions, c'est vrai  que nous étions nouveaux dans ce village et en plus on prenait le bus bleu le premier jour de la rentrée des classes. Je me souviens avoir eu très peur de ce chauffeur aux questions infinies. On était tout seul dans ce bus. 
J'ai l'impression que nous sommes restés tout seul une éternité dans ce bus. Peut être allait-il nous ramener prés du cercueil en bois, la-bas dans ce village de montagne. 

Finalement il ne nous a jamais ramener la-bas, mais il nous a déposé devant une petite école de Provence comme on en rêve dans les cartes postales. Je crois bien que je suivais de près mon grand frère mais je ne devais certainement pas lui donner la main, il n'a jamais bien apprécié qu'on lui prenne la main ou qu'on lui fasse des bisous.
Je me souviens avoir vu un grand tableau à craies posté dans la cours de l'école. J'étais terrorisée par toute ces écritures sur ce grand panneau noir. J'étais terrorisée car je ne savais pas lire. Je ne connaissais personne et je ne savais pas où aller
Peut être que mon frère qui, lui rentrait au CE2, m'avait montré le chemin de ma classe. Finalement je ne me souviens plus vraiment.
Je regardais, abasourdie, le tableau vivant de cris, de rires et de pleurs de tous ces parents et ces enfants. Perdu dans ce gouffre de bruit, j'ai quand même fini par entendre un son qui ressemblait à mon prénom. Il s'est répété plusieurs fois. C'était bien ça, quelqu'un que je ne connaissais pas venait,enfin, de prononcer mon prénom : Mathilde.
Je savais enfin, que quelqu'un m'attendait. Je savais enfin que je n'avais pas fait d'erreur. C'était bien ici que je devais me trouver pour mon premier jour chez les CP. 

Seize années plus tard il n'y a plus de chauffeur aux questions infinies, il s'est suicidé. Seize année plus tard il n'y a plus cette jolie petite école dans ce village de Provence, elle a fermé. Mais il y a toujours ce cercueil sous la terre qui attend ma venue et il y a moi. Moi qui vient de passer le pas d'un portail d'une jolie petite école de ville. Il y'a moi qui a consolé une petite fille, fait rire des enfants, mangé avec le personnel d'une jolie petite école de ville et découvert qu'on pouvait s'appeler Merveille.

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