lundi 3 octobre 2011

Case

Case : Habitation rudimentaire (source : http://atilf.atilf.fr/)


L'enfant n'est pas que.
L'enfant ne se réduit pas à une propriété, l'enfant ne se réduit pas à des termes pédiatriques, l'enfant ne se réduit pas à des adjectifs, l'enfant ne se réduit pas à de l'amour, l'enfant ne se réduit pas à des paires de baffes.


Quand je lis les billets que j'ai en charge dans le cadre des Vendredis Intellos, je constate qu'on réduit l'enfant à une simple case. Evidemment il est difficile de vivre sans case, comme il est difficile de vivre sans identité, sans toit, sans tout. Bien trop souvent, hélas, on ne lui laisse pas le choix d'être dans une case que nous, parents, adultes, médecins, instituteurs, animateurs, amis (liste non exhausitive) lui avons attribué d'office. C'est d'ailleurs ce que nous fait part MamanSioux dans son article sur l'éducation non violente et elle-même affirme très justement :  "Je me dis que je devrais prendre garde à ne pas enfermer mon fils dans un rôle d’enfant énergique et exigeant voire impatient. Il réagit comme il réagit, il s’agit d’un instant T, peut-être même d’une période de plusieurs mois mais il est important que je ne le réduise pas à ça, que je lui laisse le droit de changer si cela doit arriver. "


Mais en quoi peut-il être nocif d'enfermer son enfant dans une case, même dans une volonté de bien-faire ? Tout simplement parce qu'on ne lui laisse pas le choix d'être, on ne lui laisse pas le choix d'être un Homme en devenir. On l'enferme, contre sa volonté dans une identité qui ne lui appartient pas et lui-même se retrouve dans l'impossibilité de changer, de faire sa résilience. Et parfois la mort est le seul destin de ces enfants.
Bien sûr, on peut le faire inconsciemment ou culturellement comme pour ces petites filles à qui on prend le droit de vie ou de mort. On tue ces petites filles car elles sont nées filles ou alors sont en chemin pour le devenir et sont donc considérées avant tout comme un poids matériel c'est ce qu'on peut lire dans le triste état des lieux du billet de Glam'mam
Que dire de ces enfants qui passent à l'acte et prennent la décision de mettre fin à leurs jours. Que penser de cette souffrance dans laquelle ils sont, d'où vient-elle ? la dessus je ne me permettrai aucun "classement" car je me sens incapable  de dire si nous sommes responsables de ce passage à l'acte, je pense que oui. Est-ce une forme de pression de notre part qui pousse l'enfant à penser à la mort ? certainement. Mais ce n'est que mon point de vu. Je remercie Val1603 d'avoir fait vaciller à ce point ma conscience et ma pensée avec son article sur le suicide des enfants.


Mais cette fameuse case peut avoir un sens différent, un sens impalpable, un sens d'idéaux, c'est ce dont j'ai ressenti à la lecture de l'extrait de Lettre à la jeunesse d'Emile Zola qu'a posté Kiara. Aux travers des mots d'Emile Zola j'ai eu l'impression que cette jeunesse n'avait d'autre choix qu'accepter l'héritage des anciens et perpétrer en quelques sortes leurs idées, mêmes les plus viles. J'ai ressenti encore une fois cette sensation désagréable d'être prisonnier de soi par à cause d'un autre. Parce que vous nous avez donné la vie, la liberté alors on vous fera honneur. J'ai trouvé le parallèle très juste avec le Cid, ce fatum qui nourrit les tragédies classiques. (Je tiens à rassurer Kiara j'ai beaucoup apprécié son article).


Elever un enfant, littéralement, d'après http://atilf.atilf.fr/ c'est (La notion dominante est celle d'une hauteur bien en vue ou d'un accroissement de valeur) faire monter quelque chose, ou plus rarement quelqu'un, d'un niveau à un autre situé plus haut, de manière qu'elle soit bien ou mieux en vue ou qu'elle acquière une valeur supérieure. 
Je crois alors qu'il est nécessaire de mettre en pratique cette magnifique définition et de sortir l'enfant de cette habitation rudimentaire, d'accepter que l'enfant ne soit pas le prolongement de notre ego, de notre héritage, de notre pensée, de notre culture. D'accepter que l'enfant ne soit pas seulement notre désire psychique, mais une réalité à part entière.



Hop et voilà le troisième débriefing de Mme Déjantée qui se termine.

Bisous

Aubergine



6 commentaires:

  1. Ton article me fait penser à ce lumineux billet : http://www.terredevie.net/spip.php?article27

    Ne pas trop vouloir pour nos enfants, ou en tous cas, pas trop précisément. Ne pas leur donner ce qu'on n'a pas eu, lourd de projections (que c'est dur ... parce qu'il faut être en paix avec son enfance). Voir son enfant sans l'enfermer dans ce qu'on voit à ce moment-là. Remettre tout à zéro 1O fois par an.

    (Ou alors j'ai pas assez dormi et je dis que des sornettes.) (Non mais c'est possible hein) (Viens dans ma case faire des trucs) (rhôô quoi ?)

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  2. Merci pour ce débrief!! Tu as su te saisir des libertés données et nous offrir un billet à ton image!!
    Je pense un peu comme toi que cette question (encore très récente) du suicide des enfants mérite d'être approfondie pour être comprise...les résumés des journalistes sur le travail de Cyrulnik ne sachant seuls me satisfaire...

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  3. Pour compléter, je dirais que pour nos enfants nous devons être avant tout des accompagnants.

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  4. Bravo pour ce débriefing très réussi encore une fois! Je pense qu'on montre la voie à nos enfants, qu'on les guide, qu'on espère qu'ils ne se trompent pas de chemin mais il faut quand même leur laisser la liberté de ne pas nous ressembler.

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  5. très très bon debrief, j'espère guider mon enfant sans lui imposer aucune voie ...l'encadrer dans ses choix..

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  6. @Zelda : Merci pour ce lien. Quoi qu'il en soit le chemin de l'éducation est long et pleins d'embuches !
    @MmeDéjantée : Merci pour tes encourageant, comme toujours tu sais y faire avec tes petits neurones !
    @Abeille : C'est un terme que j'aime beaucoup accompagnants, on accompagne nos enfants sur le long chemin de la vie !
    @Kiara : Merci à toi ! un débirefing réussi aussi parce que j'ai des articles à la hauteurs ;-)
    @Fleur : Merci de ta visite, je te souhaite et je nous souhaite d'y parvenir au mieux !

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