jeudi 25 août 2011

Axiome

(un) Axiome :  Proposition évidente dont la vérité est reconnue sans démonstration. (source: linternaute.com)

Suite à un très bon article d' Annouchka sur le numéro spécial de Books : Tout sur la mère, les bonnes, les mauvaises et les autres. J'ai eu envie de me le procurer pour assouvir ma curiosité. C'est chose faite et je ne le regrette pas. Je ne vais, cependant, pas vous faire un résumé  (Annouchka le fait très bien). Je souhaite simplement mettre en lumière un article assez complet sur l'infanticide. Le meurtre d'un un enfant par sa mère.
C'est un article de Books (numéro spécial n°24 Juillet/Aout 2011) tiré du livre "Maternal effects in Mammals" un ouvrage collectif dirigé par Dario Maestripieri professeur de développement humain et Jill Mateo maître de conférence

Voici quelques extraits de l'article :

"Le meurtre d'un enfant par sa mère défie notre entendement et fait violence à nos émotions. Les cas d'infanticide maternel sont captivants, explique la chercheuse Rebbecca Hyman, parce qu'ils semblent violer une loi essentielle de la nature. L'affection d'une mère pour son bébé est considérée comme absolue, un produit de l'évolution grâce auquel les femmes sont dotées d'un instinct maternel nourricier.(...)"

" Dario Maestripieri a consacré l'essentiel de sa carrière au comportement maternel chez les primates. Il s'est plus précisément intéressé aux facteurs qui influencent les motivations d'une mère à l'égard de ses petits (...) La menace la plus  grave pesant sur le comportement maternel, aux conséquences potentiellement fatales, est un mal si répandu dans la société qu'il passe presque inaperçu: Le stress.(...)

Cette hormone (le cortisol) accroît la production de glucose et contribue à la métabolisation des graisses, des protéines et des glucides pour augmenter encore la glycémie. En quelque instant nous avons accumulé assez d'énergie pour attaquer ou fuir (...) Le stress prépare le corps à l'adversité.
Durant la grossesse et après l'accouchement, le taux de cortisol augmente de manière substantielle (...) Cette réaction est directement lié aux comportements qui visent à tenir l'enfant à l'abri du danger. (...)
Mais les périodes de stress prolongé ou excessif peuvent causer de graves dommages physiologiques (...) Elle peuvent aussi engendrer une mauvaise régulation de l'émotion (...) Les nombreuses études conduites par Maestripieri établissent corrélation entre fort niveau de stress et mauvais traitement chez l'enfant.

Pendant deux ans Maestripieri (...) ont mesuré la sécrétion de cortisol chez soixante-dix femelles (macaques rhésus) qui avaient toutes déjà étaient mères, et prélevé régulièrement sur chacune des échantillons sanguins. Ils ont également étudié leur comportement pour déterminer leur place dans la hiérarchie  L'étude a confirmé des résultats plus anciens faisant état d'une plus forte réaction au stress chez l'ensemble des mères, du moment de la conception jusqu'au sevrage. Toutefois, les plus fortes variations se produisaient chez les femelles de rangs inférieur, dont le taux de cortisol étaient quatre fois plus élevé. (...) Les enfants nés de mères subalternes risquent davantage  que les autres de mourir avant l'âge de 1ans."

"C'est découvertes sont-elles applicables à notre espèce? (...) La réponse ne saurait être plue claire : Les être humains sont en effet très différents des macaques. Ils sont bien pires. L'anxiété qu'engendrent les inégalités sociales parmi les hommes dépasse tout ce qu'on observe dans la nature. (...) Un rapport sur la violence et la santé de l'OMS révèle une forte corrélation, à l'échelle mondiale, entre inégalités et maltraitance.
DeAnn Gauthier et ses collègues de l'université de Louisiane, à Lafayette, ont conclu (...) Une pauvreté extrême côtoyant une richesse extrême est un facteur de stress, et donc de violence. Cela explique pourquoi le taux d'infanticide les plus élevés se rencontrent non pas dans les Etats les plus pauvres, mais dans les plus inégalitaires, comme le Colorado, l'Oklahoma et l'Etat de New-York, où ces taux sont trois à cinq fois supérieurs à la moyenne nationale. D'après ces chercheurs, les disparités tuent nos enfants au sens propre du terme."

Bien que cette étude sérieuse est vraiment intéressante et enrichissante, je me pose toujours cette question: Pourquoi faut-il de grandes recherches scientifiques, pour affirmer des choses qui  paraissent tomber sous le sens?
Est-il vraiment nécessaire d'aller étudier les macaques pendant deux années et encore plus pour mettre en lumière ce qu'une femme est capable de faire quand elle vit un grand stress?
N'est-il pas logique, qu'une femme se battant chaque jour pour se nourrir et nourrir son enfant soit en proie à un grand stress et une grande fragilité émotionnelle? N'est-il pas logique qu'en subissant une si grande pression elle commette l'irréparable?
Ne suffit-il pas simplement de questionner toutes ces femmes et de s'intéresser de plus prés à leur vie plutôt que d'aller s'occuper des macaques  ?


En tant que mère, je n'ai jamais manqué de rien. J'ai la chance de ne pas être au plus mal  le 15 du mois pour savoir si j'aurai assez pour payer les réparations de la voiture, les fournitures scolaires de mes enfants ou pour faire les courses et remplir le frigo. Je ne stress pas à chaque fois que je paye avec ma carte bleue en me demandant si elle va être refusée. A croire nôtre mode de vie j'ai beaucoup de chance. Et c'est bien scandaleux que ce soit une chance de vivre ainsi et non un dû. (Surtout quand je sais ce qui me met La Gerbe.)
J'ai pourtant vu, avec mes yeux d'enfants, ce que c'est pour une mère d'avoir peur pour ses enfants et de se savoir dans l'incapacité de subvenir à un besoin. Même en se sacrifiant toute entière. J'ai vu avec mes yeux d'enfants ce que l'inquiétude économique et une carte bleue refusée peut apporter comme angoisse  et engendrer bien plus qu'un stress. Je sais aujourd'hui, que c'est quelque chose qui me terrorise.

Je sais aussi que je participe, quelque part, à ce monde à deux vitesses. Je sais aussi, que je suis indirectement responsable du désarroi économique et social dans lequel se trouvent certaines femmes. Je ne vais pas faire une révolution et ce billet ne va pas changer la face du monde. Il n'a pas la prétention de s'ériger comme porte parole de quoi que ce soit.
Ce billet à simplement vocation, me semble-il, de mettre en lumière ce qui pour moi peut-être synonyme d'acte d'amour.

Macaques Rhésus
Photos ©Jonas http://www.leszoosdanslemonde.com/
PS/ Ceci est ma contribution pour les Vendredis Intello de MmeDéjantée.

Bisou

Aubergine







4 commentaires:

  1. Je suis d accord avec toi, il y a tellement de detresse humaine dans notre monde que quelque part on peut presque comprendre l infanticide.
    Nous ne sommes pas à plaindre mais qui est à l abri de la précarité de nos jours ? pas grand monde je pense.
    Très bon billet.

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  2. Très intéressant ton article ! Je me rends compte aujourd'hui à quel point les difficultés financières et donc le stress engendrent nécessairement des différences dans nos manières de vivre notre maternité.

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  3. C'est aussi quelque chose qui me stresse, sans l'avoir pourtant jamais vécu - même s'il y a toujours des hauts et des bas. Je comprends de plus en plus pourquoi mon père a toujours répété à ses 2 filles "soyez indépendante financièrement !". Avoir de quoi subsister, ça n'a pas de prix. Et ça n'est pas qu'une question d'indépendance vis à vis de l'autre, c'est aussi une question de bien-être au quotidien (pour soi et ses enfants) et de survie tout simplement.
    Enfin bref, là, je crois que j'énonce des évidences (PONCIF, un mot pour la prochaine fois ?) donc je vais m'arrêter là.
    Mais c'était une réflexion très juste - et si triste !!!

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  4. @Lily2B : Et je ne pense pas, hélas, que ça va aller en s'arrangeant !
    @Homesweetmome : L'argent contrôle aussi la maternité des femmes. C'est bien navrant.
    @MamanSioux : Je ne peux que souligner, ton "si triste". Ce billet que j'ai écris m'a ébranlé pendant plusieurs jours. J'ai d'ailleurs beaucoup réfléchit à ma situation.

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