mardi 5 novembre 2013

Relation

Relation : du latin "relatio". Récit, narration.


Prologue : L'autre jour, je débattais sur la langue française, et sur l'intérêt de connaître l'origine des mots que nous prononçons.
Souvent quand je choisis un titre, c'est lui qui me porte sur mon billet. Je dois reconnaître qu'aujourd'hui c'est particulièrement le cas. Finalement, tu as raison, il est toujours intéressant de savoir d'où vient le chemin, ça nous permet de savoir où nous allons.


Alabama Monroe (The Broken circle breakdown)

J'ai commencé mon rattrapage du 7ème art.
J'ai vu Alabama Monroe.

Je préviens tout de suite je ne suis pas critique de cinéma. Et c'est pas un article dans ce sens.

La relation qu'on a à l'autre, ce qui qui nous lie tellement fort et qui peut tout détruire. C'est ainsi que je résume ce film.
Il m'a terriblement bouleversée. Je l'ai trouvé horrible. Insupportable. Je n'ai jamais vu un film qui traite aussi brillamment de la relation du couple et de sa destruction totale. Je dois reconnaître que j'ai une adoration pour les films qui traitent des sentiments, qui nous décortiquent dans tous les sens. J'aime les films lents, avec des peintures dégoulinantes de sentiments. Mais pas de bons sentiments. Les films belges, me bluffent. À chaque fois que j'en vois un, je le trouve grandiose.

Ce film a eu un effet positif, j'ai énormément pensé à mes parents. Je me suis souvenue de mes parents face au même combat. Avec la même fin. Et je les ai aimés encore plus fort.
Je me souviens d'avoir été témoin de la destruction totale de leur couple face à la même maladie. Au même âge.
J'avais des yeux d'enfant. Aujourd'hui quand les souvenirs remontent, j'ai cette impression de suffocation.
Exactement la même impression en voyant ce film. On suffoque.
La relation qu'on a à l'autre est terrible. Elle permet les plus belles choses, donner la vie (la liste est ouverte, donner la vie n'est pas l'unique sens d'une vie mais c'est le sujet ici) et en donnant cette vie, on lui donne aussi la mort.
Elle arrive parfois bien trop tôt. Et le couple doit faire faire face.
Dans le cas de ce film, et dans le cas de ma vie, ils ne font pas face, ils s'accrochent aux bords, ils survivent.
Dans le film, la fin est à la fois d'une tristesse absolue, mais salvateur pour le spectateur, la suffocation prend fin.
Dans le cas de ma vie, la vie a continué. Ce qu'il y a de merveilleux dans un film c'est qu'il n'y a pas d'après. On peut enfin reprendre son souffle.

Dans la réalité il y a un après. La vie a continué, comme elle a pu. Il y a eu avant et après. Je n'ai jamais retrouvé mes parents comme avant. Et ils ne se sont jamais retrouvés comme avant.
Je n'ai jamais retrouvé ma place. Elle avait disparu. Je suis devenue la seconde. Ma relation à cette troisième place, avait en apparence disparue. Pourtant je l'ai retrouvée dans beaucoup de mes relations. Aucun de nous n'a pu retrouver cet avant, on a brodé nos vies autour de cette disparition.

Dans le film, les oiseaux sont venus. Une pie a frappé à la fenêtre. D'ailleurs ce moment du film est très beau, très intense.
Dans ma vie ils sont aussi venus. J'ai la photo d'une pie, vivante, sur un lit, dans une chambre d'enfant. Elle avait dans son bec un jouet d'enfant. Elle avait attrapé dans cette caisse le seul jouet lui appartenant.

Dans le film les acteurs excellent dans leurs rôles. Dans ma vie, mes parents n'avaient pas de script.

Dans ce film la musique est très belle, très triste. Dans ma vie aussi.

Dans ce film le réalisateur s'appelle Félix. Dans ma vie aussi.


La relation, c'est le récit d'une vie.