vendredi 17 janvier 2014

Pourquoi le piano c'est de la merde

Pourquoi le piano c'est de la merde : Titre très provocateur, je m'excuse d'avance auprès des ayatollahs de la musique et des oreilles absolues.

Si y'a bien une chose que je ne sais pas faire : me battre.
Je n'ai jamais su cogner et me protéger, et vous ne pouvez pas savoir comme ça m'a manqué. Vous pouvez très bien me dire : c'est jamais trop tard pour apprendre à coller des raclées ?

Vous avez bien raison MAIS je n'aime pas la violence. Si il y a une chose que j'ai, c'est la joute verbale, j'ai toujours su me défendre avec ma bouche (non je ne roulais pas de pelles hein) et ça m'a sauvée de bien des situations. J'ai réussi à me faire plus au moins respecter grâce à ma capacité à envoyer chier violemment quelqu'un ou alors à lui clouer le bec. J'étais une sale petite peste au mauvais caractère quand j'étais petite.

En primaire, je me souviens d'une fois où un petit garçon n'arrêtait pas de m'emmerder pour une histoire d'amour non réciproque. À cette époque j'avais une copine que j'aimais très fort qui n'avait pas froid aux yeux, à 9 ans elle m'avait expliqué que pour faire des cicatrices à quelque qu'un fallait utiliser du sel et du citron. Elle n'avait peur de rien je vous dis. Je lui avais parlé de ce garçon, et vous savez c'était l'époque des billes et des gros mammouths qu'on portait dans nos bananes. Bref, on est allé voir ce garçon, elle lui a dit d'arrêter de me chercher des noises, il l'a poussée et elle a répondu assez violemment. Elle lui a mis une grosse pêche avec sa banane de billes qu'elle portait sur l'épaule. Autant vous dire qu'il ne m'a plus jamais fait chié et qu'il avait un joli bleu au visage. Ce n'est pas allé plus loin. On ne l'a jamais dit aux instituteurs, t'façon ils en avaient rien à faire de nos histoires, à l'époque ils fumaient des clopes dans la cours en papotant entre eux.

Le deuxième évènement marquant c'était au collège, j'avais 12 ans, c'était en voyage scolaire. Y'avait un mec très racaille qui faisait bien deux têtes de plus que moi et qui pour une raison obscure (on s'était jamais parlé) m'avait bien gonflé ce jour là, on était en train de s'engueuler il me menaçait de m'en coller une et d'un seule coup d'un seul sans prévenir, il s'est pris une grosse baffe de ma part. Tout le monde avait fait des "Oh" des "Han" lui il avait été aussi étonné que moi. C'était un peu la racaille des HLM tout le monde avait peur. Il m'a aboyé dessus qu'il allait faire venir tous ses frères de Marseille et me défoncer. Autant vous dire que les mois qui ont passé je me suis faite toute petite. Après il est parti au CFA. Et plus rien.
Jusqu'au jour où j'attendais ma mère, toujours en retard,  assise sur un banc. Il est apparu avec sa bande de potes (pas de Marseille). En le voyant arriver, j'ai pas bougé de mon banc et j'ai commencé mon testament, résigné à me faire défigurer la tronche. Il s'est assis à côté de moi, seul. Il m'a parlé de la gifle en me disant "on a un petit truc à régler tous les deux". Je pense que j'aurais pu me faire pipi dessus. Effrontée que je suis j'ai répondu "oui c'est vrai, mais sache que je suis désolée de t'avoir mis une claque" et là comme si le Dieu des ennuis avait intercepté mes prières le mec a répondu, toute ma vie ça restera gravé dans ma mémoire, "Ok, on en reste là c'est oublié".

Et puis y'a eu le 1m87 contre mon 1m63, je m'en suis sortie pas trop mal même si j'ai morflé plus que lui. Même si aujourd'hui dans nos vies, c'est lui qui morfle et pas moi.
L'après lycée aussi, l'agression dans ma cuisine un beau matin, j'étais seule contre 4. J'ai fait ce que j'ai pu mais je m'en suis sortie avec quelques bleus, un cou sous minerve et une bonne douleur dans le dos. En grandissant, les ennuis grandissent, les punitions aussi. Hop direction le tribunal correctionnel fini les instituteurs.
Six ans après ça m'arrive de rêver de ces scènes, de rêver que j'arrive à coller une raclée phénoménale et même dans mon rêve, souvent, y'a une force invisible qui retient mon coup et ça ne part pas, j'arrive pas à exploser ma colère contre son visage. Et parfois je me réveille le matin avec un sentiment de haine.

Aujourd'hui je fuis la violence, je suis contre, je refuse toutes formes de violence même une fessée oui. Même une claque sur la main. Toute violence même si elle se veut "positive" me donne la gerbe, car elle fait sentir à l'autre la peur et ce sentiment d'infériorité.  Et pourtant je sais que ce n'est pas parce que je refuse cette violence qu'elle ne viendra pas un jour m'exploser, à nouveau, au visage ou au visage de ma fille. Et si ce jour-là arrive je veux être capable d'y répondre.

Pourquoi je parle de tout ça ? Parce que ce matin j'ai appris un truc pas grave, un truc qui concerne ma fille. Un truc qui fait chier. J'ai pas envie de le détailler ici car ça lui appartient. Mais ça m'a renvoyé à une colère. Celle où bien souvent y'a quelqu'un qui nous fait chier. Et bien souvent on a peur. On se sent trop petit. Cette colère où j'ai été impuissante bien trop souvent.
Alors je repense à cette conversation  avec ma fille où on parlait de musique et de l'inscrire à un cours de musique l'année prochaine.

Ma fille, la musique tu l'apprendra mais avant tout, tu vas apprendre à flanquer des roustes et à ne pas avoir peur de celui qui essaye de de déstabiliser.
Et tu seras une femme, ma fille.