mercredi 25 avril 2012

Ménage

MénageDe manière générale, un ménage, au sens statistique du terme, désigne l'ensemble des occupants d'un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté (en cas de cohabitation, par exemple). Un ménage peut être composé d'une seule personne. (source : L'Insee)

Quand les semaines, les journées et les heures me paraissent interminables, asservissantes je fais du ménage. Mais par n'importe quel ménage, je fais le ménage qui soulage, le ménage improbable. Par exemple, je ne récure pas les chiottes, je ne passe pas la serpillière ou ne fait pas du repassage.
Non, je fais un ménage du détail, je prends le temps, j'observe les pièces de mon appartement et je trouve quelque chose de sale, laissé là, au milieu. La dernière fois j'ai commencé par la glace de ma porte d'entrée. Elle était envahie d'empreintes de doigts.
Il devait être 21h j'étais épuisée. Pourtant, quand, mon index, a écrasé le bidule blanc qui sert de pshit à mon lave vitre, j'ai ressenti du bien être et ma fatigue s'est envolée.
J'ai nettoyé ma glace dans le détail, j'ai déposé mes yeux sur les moindres recoins aux alentours, j'ai remarqué que ma porte d'entrée était moche. J'ai ressenti la nostalgie des clichés de Polaroïds. J'ai souri bêtement de nos photos d'identités découpées grossièrement avec nos têtes d'enfants. 
Quand je choisis un endroit, je ne sais pas d'avance où je vais continuer, je me laisse porter, mais le seul mot d'ordre qui me vient  : Soulagement.
Toujours le même soir, j'ai nettoyé mes interrupteurs, c'est petit, c'est jouissif à nettoyer. Toujours avec mon pshit à vitre j'ai nettoyé ces petits carrés beiges qui régentent la lumière. J'ai, alors, vu nos casques de vélo, j'ai eu envie de soleil et de balades. J'ai été happé par la poussière de ma bibliothèque et là c'était comme un manège à sensation. Retirer la moindre poussière tout en observant les moindres objets, les moindres détails. C'est violent.
Tout m'est revenu dans la figure, nos cinquante ans, nos vacances, mes livres, mon théâtre, nos photos. Cette après-midi dégueulasse et grisante où on a dépensé 30 euros pour un photomaton.
Puis j'ai fini dans les toilettes, j'ai  seulement nettoyé le bouton de la chasse d'eau, je me suis dit que ça devait être plein de microbes, avec toutes les personnes qui sont passées dans ces toilettes. Et même qu'elles devaient avoir des restes de merde et de pisse de pleins d'autres inconnus grâce au bouton de la chasse d'eau. C'est avec frénésie que je suis passée aux poignets de portes, et j'ai imaginé toutes les mains qui se sont posées sur ces poignets, des mains par forcément amicales d'ailleurs. C'est horrible en fait, on ne pense jamais à nettoyer des poignets de portes. 
Du coup tout en réfléchissant aux personnes qui sont entrées, un jour, dans mon appartement, je suis allée astiquer les portes des placards de cuisine. Mais là, j'ai été arrêté par de l'eau bouillante. J'ai du me déshabiller et m'enfuir dans un bain en mangeant des chips.
Parfois, je passe juste un coup de balais, ça suffit à me rappeler que mes journées, certes, peuvent être épouvantables mais pas ma vie.



Oui je me sens souvent comme cette petite souris qui galère dans sa roue. 

Aubergine

4 commentaires:

  1. J'adore ce texte. Je ne sais pas pourquoi, mais je l'adore, putain !

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    1. par contre je fais pas le ménage chez les autres, c'est mon principe de liste à moi ! huhuhu

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  2. Moi aussi, j'aime bien :-) En fait, c'est apaisant à lire aussi (mais ça m'a donné envie de nettoyer mes poignées de porte, c'est vrai qu'on les fait jamais !)

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    1. C'est comme si j'avais fait le ménage chez toi, c'est ça ?

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