vendredi 26 octobre 2012

Partir

Partir : Ma mère me disait toujours que partir c'est mourir un peu, d'ailleurs je crois bien que y'a pas que ma mère qui me le disait.





Un matin, j'ai trouvé ma mère dans la cuisine et je lui ai dit quelque chose qui devait ressembler à ça : Maman je vais partir à Paris.
Je crois qu'elle à souri, elle savait que ça arriverait comme ça, sans prévenir.
Quelques jours plus tard, pour la première fois de ma vie j'ai pris un aller-simple. Partir pour de bon, ne jamais revenir, ou plutôt revenir mais différemment.
Je n'avais rien, je venais de vivre le plus horrible période de ma vie, ce billet de train a été le point de départ de ma propre vie. C'est peut être à ce moment là que j'ai commencé ma résilience.
Ma mère m'a déposée sur le quai de la gare, on ne s'est pas beaucoup parlé ce matin là, on avait le coeur serré.
Le coup de sifflet a retenti, j'ai pleuré, et comme dans un film de midinette j'ai vu ma vie défiler. J'ai pensé très fort à celle qui m'attendait.
J'étais dans la file des taxis, il faisait beau, j'avais ma grosse valise noire, et pour la première fois de ma vie j'ai regardé Paris différemment. A présent c'était ma ville, ma propre vie.
Je suis revenue, peu de fois, mais ce n'était plus pareil, ce n'était plus chez moi, j'étais étrangère à mes amis, à mes souvenirs.
Je suis partie en claquant la porte, pleine de larme, et je n'ai jamais vraiment pu la ré-ouvrir.

Quatre années plus tard, la vie m'a rendu la monnaie de ma pièce, on est quitte.

Quatre années plus tard, je suis là, ma grosse valise noire est ouverte, dedans y'a des petites robes, des bodies, un porte bébé... Des choses que je n'aurais jamais pensé voir dans cette valise.
Cette valise noire j'y tiens, elle est moche, elle est encombrante mais elle m'a accompagnée beaucoup de fois.
Demain elle m'accompagnera, cette fois-ci j'aurai ma fille dans une main, et je pesterai sur mon mec parce que je peste toujours contre lui quand on part en voyage.
Et quand je demanderai à ma fille où on va, elle me répondra : En Chine.

Partir c'est mourir un peu mais rester c'est crever doucement.

Aubergine